Quand les robots humanoïdes se font pirater en 1 minute via Bluetooth
Vous vous souvenez de ces
robots chiens et humanoïdes Unitree
qu’on voit partout sur les réseaux depuis quelques mois ? Hé bien des chercheurs en sécurité viennent de découvrir qu’on pouvait les pirater en moins d’une minute, sans même avoir besoin d’un accès internet. Et le pire, c’est que la faille est tellement débile qu’elle en devient presque comique.
Lors de la conférence GEEKCon à Shanghai, l’équipe de DARKNAVY a fait une démonstration qui fait froid dans le dos. L’expert Ku Shipei a pris le contrôle d’un robot humanoïde Unitree G1 (quand même 100 000 yuans, soit environ 14 000 balles) en utilisant uniquement des commandes vocales et une connexion Bluetooth. Après environ une minute de manipulation, l’indicateur lumineux sur la tête du robot est passé du bleu au rouge, il a alors cessé de répondre à son contrôleur officiel, puis sous les ordres de Ku, il s’est précipité vers un journaliste en balançant son poing.
Sympa l’ambiance.
En fait, le problème vient de la façon dont ces robots gèrent leur configuration Wi-Fi via Bluetooth Low Energy (BLE). Quand vous configurez le réseau sur un robot Unitree, il utilise le BLE pour recevoir le nom du réseau et le mot de passe, sauf que ce canal ne filtre absolument pas ce que vous lui envoyez. Vous pouvez donc injecter des commandes directement dans les champs SSID ou mot de passe avec le pattern « ;$(cmd);# », et hop, exécution de code en tant que root.
Et le truc encore plus dingue, c’est que tous les robots Unitree partagent la même clé AES codée en dur pour chiffrer les paquets de contrôle BLE, donc si vous avez cracké un G1, vous avez cracké tous les G1, H1, Go2 et B2 de la planète. Et là vous allez me dire : Et la sécurité du handshake ? Hé bien elle vérifie juste si la chaîne contient « unitree » comme secret. Bravo les gars ^^.
Du coup, la vulnérabilité devient wormable, c’est à dire qu’un robot infecté peut scanner les autres robots Unitree à portée Bluetooth et les compromettre automatiquement à son tour, créant ainsi un botnet de robots qui se propage sans intervention humaine. Imaginez ça dans un entrepôt avec 50 robots !! Le bordel que ça serait…
Moi ce qui m’inquiète avec ces robots, c’est l’architecture d’exfiltration de données car le G1 est équipé de caméras Intel RealSense D435i, de 4 microphones et de systèmes de positionnement qui peuvent capturer des réunions confidentielles, photographier des documents sensibles ou cartographier des locaux sécurisés. Et tout ça peut être streamé vers des serveurs externes sans que vous le sachiez surtout que la télémétrie est transmise en continu vers des serveurs en Chine… Vous voyez le tableau.
En avril 2025 déjà, des chercheurs avaient trouvé une backdoor non documentée dans le
robot chien Go1
qui permettait un contrôle à distance via un tunnel réseau et l’accès aux caméras, donc c’est pas vraiment une surprise que les modèles plus récents aient des problèmes similaires, hein ?
J’imagine que certains d’entre vous bidouillent des robots avec Raspberry Pi ou Arduino, alors si vous voulez pas finir avec un robot qui part en freestyle, y’a quelques trucs à faire. Déjà, pour la config Wi-Fi via BLE, ne passez jamais le SSID et le mot de passe en clair mais utilisez un protocole de dérivation de clé comme ECDH pour établir un secret partagé. Et surtout validez et sanitisez toutes les entrées utilisateur avant de les balancer dans un shell.
Et puis changez les clés par défaut, car ça paraît con mais c’est le problème numéro un. Générez des clés uniques par appareil au premier boot ou lors de l’appairage. Vous pouvez stocker ça dans l’EEPROM de l’Arduino ou dans un fichier protégé sur le Pi.
Pensez aussi à isoler vos robots sur un réseau dédié… Si vous utilisez un Pi, créez un VLAN séparé et bloquez tout trafic sortant non autorisé avec iptables. Comme ça, même si un robot est compromis, il ne pourra pas exfiltrer de données ni attaquer d’autres machines.
Ah et désactivez aussi le Bluetooth quand vous n’en avez pas besoin ! Sur un Pi, ajoutez « dtoverlay=disable-bt » dans /boot/config.txt et sur Arduino, c’est encore plus simple, si vous utilisez pas le BLE, ne l’incluez pas dans votre projet.
Bref, ces robots sont de vrais chevaux de Troie ambulants. Ils ont des capteurs, des caméras, des micros, et maintenant ils peuvent être compromis par n’importe qui à portée de Bluetooth… Donc si vous bossez sur des projets robotiques, prenez le temps de sécuriser vos communications sans fil avant de vous retrouver avec un robot qui décide de vous tuer !! Et
bookmarkez ce lien
car c’est là où je mets toutes mes meilleures news robotiques !
Et si vous êtes encore en train de lire mes articles à cette heure-ci, je vous souhaite un excellent Noël !

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